Peu à peu, le ministère Waldeck-Rousseau montrait sa sollicitude paternelle pour les travailleurs, qu’il faisait massacrer à Chalon et à la Martinique. Cependant il ne désespérait pas de capter leur confiance. Deschanel, alors président de la Chambre, eut le toupet pas ordinaire d’envoyer une invitation à l’Union des syndicats, pour un banquet donné aux députés. Notons que, parmi les plus assidus à ces sortes de banquets, on notait Contant d’Ivry. Naturellement, l’Union répondit par un refus formel. Mais les dirigeants ne se tinrent pas pour battus. Quelque temps après, Millerand envoyait aux adresses que lui fournissait Briat, de nouvelles invitations à un nouveau banquet. Quelques militants y furent. Entre autres : Briat, Boutaire, Besombes (ne pas confondre avec celui du quatrième). Sur la proposition de Griffuelhes, l’Union leur vota un blâme formel.
Nous citons assez minutieusement ces incidents pour bien marquer que le jeu des gouvernants fut longtemps de faire risette aux syndicats, qu’ils espéraient amadouer. Ce n’est que lorsqu’ils virent l’impossibilité de parvenir à leur but qu’ils eurent recours à la manière brutale. Aujourd’hui, ils dénoncent aux poltrons de la bourgeoisie la Confédération qu’ils représentent comme un antre de malfaiteurs publics, mais au préalable, ils avaient multiplié les tentatives pour conquérir leur concours et s’emparer du mouvement.