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Victor Griffuelhes (1874-1922) [05]

mercredi 23 décembre 2020, par Victor Méric - Flax (Domaine public)

C’est à ce moment que commence sa vie de militant. Il entre d’abord au parti blanquiste, dans le VIe arrondissement, sous l’influence de Delacour, ancien communard, qui revenait, avec Allemane, de la Nouvelle. Malgré tout, il n’osait trop se lancer, s’occupant plus spécialement des affaires de son groupe, prenant rarement la parole.

Il resta trois années dans le parti blanquiste. Puis, peu à peu, il se prit à militer dans les milieux syndicaux. En juin 1899, il était délégué à l’Union des syndicats. C’était sous le ministère Millerand. Le gouvernement cherchait alors, par des intrigues et des projets de loi spéciaux, à s’emparer de la Bourse du Travail. Un jour, Keufer, le grand manitou du Livre, proposa à ses camarades d’offrir un banquet au ministre. Singulière proposition, on en conviendra, pour un défenseur de la classe exploitée. Griffuelhes se dressa et, en quelques mots décisifs, combattit la proposition de Keufer. Ce dernier n’insista pas d’ailleurs. Il attendit une occasion meilleure de prouver son attachement aux maîtres et son larbinisme.

Keufer n’était pas, du reste, le seul ami de Millerand. Il y avait aussi Briat. Ce Briat, qui est aujourd’hui membre du Conseil supérieur du Travail, était alors un grève-généraliste presque aussi acharné que le camarade Briand. Dès que Millerand prit le portefeuille, il eut l’inspiration heureuse de lui adresser une lettre de félicitations, lettre signée également par Moreau, Beaumé, etc. Personne ne s’avisait de demander des comptes à ces thuriféraires. Seul, Griffuelhes, avec l’aide d’un nommé Blum, aujourd’hui disparu et alors appartenant au syndicat des orfèvres, protesta violemment contre l’envoi de cette lettre et démontra qu’elle avait un caractère officiel, chaque signataire ayant fait suivre son nom de sa qualité.

Cette intervention n’était pas inutile. Le monde syndical comprenait alors la Fédération des Bourses, dont le secrétaire était Pelloutier, remplacé par la suite par Yvetot, et l’Union des syndicats, la grande force révolutionnaire. C’était surtout sur cette « Union » que Millerand portait ses efforts.


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