Voici l’un des plus redoutables bandits que recèle cet antre de malfaiteurs qui s’appelle la Confédération générale du Travail. Le citoyen Yvetot est l’ennemi de tout ce qu’on nous a appris à respecter ici-bas (style de la Patrie) ; il se dresse en adversaire implacable du capital, du patriotisme, de la religion. Et comme il ne se contente pas de formuler des théories, d’écrire des articles de journaux et qu’on le sent prêt à passer vigoureusement aux actes, les défenseurs de l’ordre s’efforcent de le mater, de le mettre hors d’état de nuire et lui offrent, le plus souvent possible, une villégiature à la Santé ou à Clairvaux, aux frais de l’État.
Lorsque j’écrivis à Yvetot, non encore amnistié, pour le prier de me fournir quelques détails complémentaires sur sa biographie et ses antécédents judiciaires, il me répondit en manifestant son étonnement de se voir destiné à figurer dans ce qu’il appelle mon « Musée des Horreurs ». En effet, au milieu des pantins et des fripouilles que nous avons, à quelques exceptions près, exhibés devant le public, un homme comme Yvetot parait singulièrement déplacé. Mais ce nous est une occasion de montrer un honnête homme d’abord et ensuite de commenter l’action et les théories du syndicalisme.