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Marie-Louise Berneri

vendredi 1er mars 2024, par Heiner Michael Becker (CC by-nc-sa)

Fille aînée de Camillo et Giovanna Berneri, Marie-Louise Berneri est née le 1er mars 1918 à Arezzo, près de Florence. Son père, d’abord socialiste, puis devenu anar­chiste au début des années 20, avait quitté l’Italie avec sa famille en 1926 pour Paris. La maison familiale devint vite un centre d’acti­vité antifasciste et cette ambiance eut une pro­fonde influence sur Marie-Louise (et sur sa sœur Giliane). C’est là aussi qu’elle rencontre à l’âge de 13 ans le fils d’un autre anarchiste et antifasciste italien, qui deviendra l’ami et le compagnon de sa vie, Vero Recchioni (Vernon Richards), et avec lequel elle jouera un rôle primordial dans le mouvement anarchiste anglais. Après avoir obtenu son baccalauréat, elle commence des études à la Sorbonne et à être active dans le mouvement anarchiste français. Elle part deux fois en Espagne, où son père s’est rendu dès le début de la guerre ci­vile, la seconde fois après son assassinat par des communistes en mai 1937. En 1938, elle fait partie d’un petit groupe qui publie Révision (1938) [1] et, peu après, elle se rend à Londres pour vivre avec Vernon Richards. Déjà, ils avaient collaboré étroitement pour la publication de Spain & the World ( 1936- 1939) [2], poursuivi par Revolt ! ( 1939) [2] et puis, en novembre 1939, War Com­mentary  [2] (qui deviendra, à partir de 1945, Freedom [2]). Après la fin de la guerre civile en Espagne, elle apporte une aide importante aux orphelins et aux réfu­giés. Elle perfectionne rapi­dement son anglais et devient bientôt l’un des principaux auteurs de Freedom et de sa maison d’édition, Freedom Press, sans négliger les tâches quo­tidiennes et plus fastidieuses comme la vente des pério­diques dans les parcs et rues. Elle écrit une partie substantielle de la brochure sur « le mythe russe » (The Russian Myth, publié ano­nymement en 1942), en partie reproduite dans un petit livre sur les travailleurs en Russie (Workers in Stalin’s Russia, 1944), tous deux très critiques vis­-à-vis des bolcheviks et de leur façon d’agir, d’autant plus qu’ils étaient respon­sables de l’assassinat de son père.

Elle est arrêtée et poursuivie en avril 1945 avec trois autres rédacteurs et collaborateurs de Freedom (dont son mari Vernon Richards) ; mais acquittée et la seule à l’être car la loi anglaise stipulait qu’une épouse ne pouvait pas fomenter une conspiration avec son mari. Lors de l’emprisonnement de Vernon Richards et de ses deux amis, c’est elle et George Woodcock qui con­tinuent le journal, devenu depuis le début des années 40 la publication libertaire en langue anglai­se de loin la plus importante, lue bien au-delà du mouvement.

A partir de 1946, elle travaille à un livre sur des utopies à caractère libertaire, mais qui ne sera publié que de façon posthume (Journey through Utopia, 1950). A que la fin de 1948, elle met au monde un bébé qui ne vivra pas longtemps. Affaibli, elle meurt elle-même quelques semaines plus tard à Londres, le 13 avril 1949. Sa mort sera un choc pour ses amis et pour tout le mouvement anarchiste international, mais surtout pour le mouvement anglais pour lequel elle était devenue au cours des années 40 la personne la plus en vue, ayant un rôle qui dépas­sait de loin celui de simple auteur, rédacteur ou militant. Aidée certainement par sa beauté et son charme, elle arrivait à inspi­rer un grand nombre de militants, d’artistes et d’intellectuels, et servait souvent de médiatrice dans bien des situations diffi­ciles. Ses amis formèrent un Comité pour la mémoire de Marie-Louise Berneri qui publia, outre le Voyage en Utopia, un petit livre d’images et de souvenirs, et un recueil de ses articles des années 1939 à 1948, Neither East not West (Ni l’Est ni l’Ouest, 1952).


L’illustration est de xit666 (Creative Commons Attribution-Noncommercial-No Derivative Works 3.0 License)


[1Les PDF de la revue sont disponible sur le site Fragments d’Histoire de la gauche radicale

[2Les PDF de la revue sont disponible sur le site Freedom Press