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Sacco et Vanzetti : Mystère au Massachusetts

Illustration : Kontrapatria

mercredi 20 août 2025, par Ronald Creagh (CC by-nc-sa)

La meilleure manière d’empêcher un homme d’être malade, c’est de le tuer pendant qu’il se sent bien. Vanzetti [1]

A bord d’un transat en provenance des Amériques, « The Adriatic », de la White Start Line, deux Italiens se taillent une bavette avec des airs entendus. Ils tuent le temps en discutant du sort de deux condamnés à mort, Sacco et Vanzetti.

Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti ? Précisément. Des italo-américains comme eux. Traînés devant les tribunaux du Massachusetts pour deux hold-up, dont l’un avait complètement raté. Ils protestent qu’ils sont blancs comme l’agneau qui vient de naître.

On ne jase que de çà dans les cafés de commerce. Le monde entier s’est mis au garde-à-vous pour leur défense. « L’affaire » a de quoi vous donner le tournis : on philosophe sur l’innocence et la culpabilité, sur la politique, la violence et le crime, sur la xénophobie, sur la tolérance des gens qui pensent pas comme vous.

Les deux passagers semblent de mèche, mais ce n’est qu’une apparence. L’un des mecs est plutôt en train de cuisiner l’autre. Son interlocuteur, un jeune robuste et svelte, de belle allure, n’est pas excessivement intelligent, surtout quand il faut répondre, des fois que ça donnerait des suspicions.

Mais enfin, ils baragouinent la même langue, un mélange d’anglais et d’italien. Et puis, il sont tous deux, per bacco ! des anarchistes.

Des anars, quès’aco ?

Bonne question, camarade. Vanzetti, l’un des accusés, va te mettre au parfum :

Et, nous modestes ouvriers anarchistes, nous avons grandi sans le secours de l’école, dans nos maisons pauvres, surmenés et souffrants depuis notre naissance, et nous avons fait et cru ce que nos ennemis ouvriers ont fait, cru et vécu. Nous étions comme le sont nos ennemis et nos adversaires. Seulement, par un travail mental incessant, une longue et terrible épreuve de conscience, nous sommes devenus différents, comme nous le sommes maintenant. C’est-à-dire que nous avons analysé, condamné et répudié toutes les conceptions, croyances, tous les critères et principes qui nous ont été inculqués depuis notre enfance jusqu’au jour où s’inaugurèrent nos nouvelles convictions.  [2]

Autrement dit l’anarchiste est un individu qui s’excite les méninges : il se distingue du couillon.

Objection, Votre Honneur. Durant « la Belle Époque », c’est pas sa seule spécialité. Dans les groupes Italiens et français, une minorité particulièrement radicale chante les vertus du pistolet et de la dynamite.

Elle pratique la « propagande par le fait », l’exemple de la révolte contre « les tyrans ». L’anarchiste est en guerre contre « la clique des sénateurs gâteux, des députés véreux et des bouchers en uniforme, la pourriture des empoisonneurs de cerveaux, la rapacité des affameurs du peuple ». Il chante la Ravachole. Il prépare le Grand Soir. Un chieur d’encre dirait qu’il veut « déstabiliser la classe dirigeante ».

Certains camarades se distinguent par des attentats fabuleux. Ils vont jusqu’à mettre de l’air dans les estomacs royaux. Un jeune boulanger italien, Sante Caserio, a poignardé en France le Président de la République, Sadi Carnot, aux cris de « Vive la révolution ! Vive l’anarchie ! ». Quatre ans plus tard, un autre compatriote, Luigi Luccheni, butte la vieille impératrice Elisabeth d’Autriche, – celle que Romy Schneider incarnera au cinéma dans les films de « Sissi ». En 1900, c’est le roi Humbert Ier qui tombe sous les balles de Gaetano Bresci, venu tout exprès des États-Unis. L’année suivante, le président de la République américaine sera abattu par un Polonais qui se dit anarchiste.

La violence fait partie du décor du vingtième siècle : luttes contre la dictature au Mexique, la Révolution russe qui se mitonne puis la révolte de Kronstadt et les luttes de Makhno en Ukraine, Guerre civile d’Espagne, résistance antifasciste en Italie, luttes d’indépendance nationale, complots contre Hitler en Allemagne, sans parler de toutes les « der des der ».

Les méthodes violentes ? Elles ne sont pas le monopole des anarchistes. On ne compte pas les attentats et les assassinats des grands meneurs au sein même des démocraties : certains, comme Léon Blum, auront de la chance : d’autres laisseront leur peau : Jean Jaurès, Rosa Luxembourg, Trotsky, Gandhi...

Ni l’État ni le patronat ne font de cadeaux. En Espagne, les terroristes présumés sont torturés. Aux États-Unis, dans les premières décennies du vingtième siècle, les journaux du Sud annoncent les lynchages qui auront lieu dans la journée. Dans les États du Nord, lorsque des meneurs ouvriers se montrent trop insistants, on découvre opportunément des bombes près de leur domicile : l’accusation requiert alors contre eux la peine capitale. Les procès se succèdent, les séjours en prison s’éternisent. En 1914, dans les mines du Colorado en grève, le chef de la milice privée de Rockefeller fend le crâne d’un meneur en hurlant : Je suis Jésus-Christ et je veux qu’on m’obéisse !

Andrea Salsedo

Le pays de l’Oncle Sam mène la chasse aux anarchistes. Soupçonné d’appartenir à un groupe qui multiplie les attentats, l’imprimeur Andrea Salsedo et son compagnon ont été arrêtés le 28 février 1920 et détenus – illégalement – au 14e étage d’une prison clandestine du Bureau des Enquêtes, l’ancêtre du F.B.I. Le 3 mai, à 4 heures du matin, le cadavre de Salsedo est découvert sous la fenêtre : il s’est suicidé ou bien on l’y a aidé. La police laisse entendre qu’il a tout révélé et qu’il s’est tué par remords. Révélé quoi ? On attend encore la réponse.

Pour les anarchistes, cette violence obéit à des règles strictes de morale. On ne culbute pas les quidams à l’aveuglette, comme le font les rétrogrades de l’extrême-droite, qui visent à châtrer le peuple ou à terroriser les démocrates. On choisit la cible avec minutie, en fonction de sa portée symbolique. On vise les monuments plutôt que les gens de la haute.

Le militant se livre à une ascèse personnelle très dure. Il se prépare au sacrifice suprême. Il donne sa vie à « la Cause » : il faut aimer la Révolution plus même que sa famille.

Les intentions ne sont pas toujours aussi pures. Certains camarades se livrent à ce qu’on appelle « la reprise individuelle ». Puisque le bourgeois n’est qu’un voleur, lui subtiliser ses biens n’est qu’une manière de se venger des injustices sociales. Si quelques-uns recourent à l’illégalité pour financer une Cause, d’autres se conservent la galette. L’anarchisme n’étant pas un parti, il n’existe pas de carte d’adhérent : n’importe qui peut s’en réclamer. La solidarité s’en trouve parfois mise à rude épreuve.

Ainsi dans la région minière de Pennsylvanie et de l’Ohio, il a existé un groupe de ces expropriateurs anarchistes. Cette bande qui se disait révolutionnaire connut aussi des rixes violentes internes pour le partage du butin. Son meneur, recherché par la police, se cacha sous un faux nom à Cleveland ; mais un jour en allant retirer son courrier poste restante, il fut abattu sans sommation par la police.

Le mouvement anarchiste, à raison ou à tort, s’est considéré comme en état de légitime défense devant les innombrables brutalités et tortures infligées par la police américaine. Il a su organiser une défense efficace et mobiliser les masses grâce à son implantation encore assez forte, à son alliance avec les libéraux pour réclamer la justice et grâce à l’appoint quelque peu inquiétant des communistes.

Les deux passagers ont suivi l’affaire Sacco-Vanzetti de très près, on le devine. Quand un copain est inculpé dans une affaire grave, il est normal de le défendre. Surtout si tout son comportement antérieur et actuel plaide en sa faveur.

Entre compagnons, de solides amitiés se nouent parfois ; l’anarchisme devient une quasi famille. Mais on y tient d’étranges discours : les oreilles ennemies ne sont jamais bien loin. Les groupes qui se pensent comme révolutionnaires sont à la fois infiltrés et terrorisés par la police et sont contraints de recourir à une certaine forme de clandestinité. On ne se parle que par allusion. Chacun ignore ce que son interlocuteur peut faire ou savoir. On en dit le moins possible, surtout pour éviter de trahir des camarades.

Gaetano Bresci

Lorsque au début du siècle l’anarchiste Bresci, parti de Paterson dans le New Jersey, avait traversé l’Atlantique pour assassiner le Roi d’Italie, ni les camarades ni même sa fiancée ne se doutaient de son projet.

Les secrets sont emportés dans la tombe, et même au-delà. Les langues ne se délient qu’avec prudence. Les
mouchards de la police sont partout. Si l’Amérique est répressive, l’Italie ploie sous le fascisme. Galleani, l’un des meneurs du mouvement, y est emprisonné. La prudence s’impose plus que jamais. Motus et bouche cousue. On s’assume seul. Langage voilé, sous-entendu, sphinx et compagnie.

Jusqu’à la seconde guerre mondiale et même aujourd’hui, dans certains cercles, le silence est de mise chez les anars italiens. Sur son lit de mort, tel militant fera jurer à son fils de ne jamais rien révéler sur les activités de son père. Celui-ci aujourd’hui encore, a respecté le serment.

Les deux passagers du paquebot discutent donc en termes voilés de « l’affaire ». D’ailleurs, ils la connaissent par cœur...

Lorsqu’ils furent amenés au clou, Sacco et Vanzetti n’avaient pas les poches vides. Celles de Vanzetti hébergeaient un revolver et des bastos. Sacco possédait lui aussi un colt automatique qui était chargé. L’un et l’autre emportaient sur eux deux ou trois dizaines de cartouches de marques diverses.

Vanzetti, qui s’attendait manifestement à subir le même sort que Salsedo, était persuadé qu’on l’arrêtait pour ses idées. Il débita un tissu d’âneries pour protéger ses camarades.

Non, il ne faisait pas de politique : le brouillon d’un discours qu’on trouvait dans sa poche n’était qu’un exercice de style. Son emploi du temps précédent était vague. Il avait passé une nuit avec une prostituée à Boston, vu un film, déjeuné ne savait trop où, et ainsi de suite.

Sans le savoir, il était en train d’accumuler des braises sur sa tête.

La police, déjà suspicieuse, nota qu’il était venu d’Italie par la France : n’était-ce pas un signe qu’il fuyait la justice ? [3]

Mario Boda

Orciani, jeune ouvrier, ainsi que Boda furent arrêtés avec Sacco et Vanzetti. L’affaire, ils y avaient trempé jus-qu’au cou. Non seulement ils s’étaient retrouvés avec les deux autres pour une mystérieuse expédition, mais la défense affirmerait que le revolver de Vanzetti avait d’abord été en la possession d’Orciani. Ce revolver de calibre 38, selon l’accusation, appartenait au moustachu que l’on avait refroidi à South Braintree. [4]

Et pourtant Orciani serait libéré et s’emploierait activement dans le comité de défense. C’est qu’il avait un alibi en or : la feuille de paye démontrait qu’il avait pointé à l’usine le jour du crime. Et tous les enquêteurs de l’accusation ne réussirent jamais à faire dire le contraire aux autres ouvriers. En réalité, à mesure que le passé des deux hommes était dévoilé au populo, leur vie semblait en contradiction flagrante avec le crime dont ils étaient accusés.

Ferdinando Sacco était né en Italie, le 22 avril 1891, dans le village de Torremaggiore, près de Foggia dans la province des Pouilles. Il était le troisième enfant d’une famille nombreuse qui n’allait compter pas moins de dix-huit rejetons. Son paysan de père avait épousé la fille d’un marchand d’huile et d’olives. Il possédait une oliveraie et un vignoble, ce qui en faisait quelqu’un de relativement fortuné dans ce village misérable.

Ferdinando avait adopté plus tard le prénom d’un frère décédé, Nicola. C’était un garçon fermé, sensible, qui adorait les fleurs et rêvait de machines. Il rêvait d’aller en Amérique, le paradis des machines.

Ce rêve se réalisa : à 17 ans, il abandonnait sa terre natale et partit avec son frère Sabino pour les États-Unis où vivait un ami très cher de son père. Les deux jeunes gens débarquèrent à Boston en avril 1908. Comme Nicola marnait dur, il trouva très vite des petits emplois, sur la route, mais qui ne payaient guère. L’année suivante, il bossait dans une aciérie à Hopedale et participa à leur grève. Il se rendit compte qu’il fallait être ouvrier qualifié pour avoir un métier sûr. A Milford, il se paya des cours.

Cela lui coûta cinquante dollars et trois mois sans salaire.

Il était maintenant fraiseur de lisse. Son sort s’améliora notablement : il gagnait parfois jusqu’à quatre-vingt dollars par semaine. Au moment de son arrestation, il avait économisé 1 500 dollars.

De 1910 à 1917 il travailla dans diverses usines de chaussures, notamment à Milford où il avait fait la connaissance de Orciani.

En 1912, il s’éprit d’une belle rouquine Rosina Zambelli, à peine sortie de son couvent, une fille de seize ans arrivée d’Italie pour rejoindre ses parents. C’était au cours d’un bal organisé au bénéfice d’un vieil accordéoniste paralysé. Rosina devint sa compagne.

En 1913, Sacco qui travaillait toujours dans la chaussure, partageait les idées socialistes, qu’il avait peut-être héritées de son père. Il lisait un journal, Il Proletario, édité par Arturo Giovannitti. Il organisa une collecte en faveur de grévistes emprisonnés.

Arturo Giovannitti (à droite).

Cette même année, il se mit à fréquenter un cercle anarchiste, le Cercle d’Études Sociales. Dans les cafés, intellectuels et professeurs tenaient des discussions passionnées ; il les écoutait en silence. Et avec sa femme il jouait des pièces de théâtre, pièces populaires et anarchisantes qui s’intitulent Tempêtes sociales ou encore Sans Patron.

Si Sacco était devenu un ouvrier d’usine relativement stable, Bartoloméo Vanzetti allait mener une existence plus agitée, mais n’était-il pas fait pour les joies de la liberté vagabonde ? Il aimait travailler et vivre en plein air. Il avait aussi une guitare et, comme tous les Italiens, il pouvait chanter. Et il adorait probablement passer du temps à rêver. [5]

Il avait vu le jour le 11 juin 1888 à Villafalletto, village situé près de Turin, dans la province du Piémont, en Italie du nord, au pied d’une magnifique chaîne de collines [6]. Son père, Jean-Baptiste Vanzetti avait des terres et un petit café. Il avait émigré aux États-Unis en 1881, mais l’expérience n’avait duré que deux courtes années [7]. A treize ans, son père le plaça comme garçon-pâtissier dans la ville de Cuneo. L’apprentissage était pénible, avec des semaines de plus de quatre-vingt dix heures et seulement trois, puis cinq heures de liberté tous les quinze jours. Ce travail lui déplaisait, mais il n’avait pas le choix. Il voulait contenter son père et, d’ailleurs, il ne savait pas quel métier lui plairait. A 17 ans, après être parti en quête d’un emploi dans diverses villes, il se fixait à Turin comme confiseur. Ce garçon était plein d’aspirations intellectuelles, refoulées par son père qui avait lu dans un journal qu’un avocat italien ne gagnait qu’une misère. Mais çà chauffait dans la tête. Ainsi pour la religion. Il avait eu le second prix de catéchisme. Et maintenant, il était touché par les critiques socialistes. A 18 ans, il ne croyait plus en l’Église catholique [8]. Il écrirait plus tard à ce sujet : Depuis le début l’Église catholique, la première des Églises chrétiennes, a été contre la connaissance (...) L’Église remplit les gens de crainte, de superstition et de fanatisme, déclarant que toute étude de la nature était tout simplement un pêché ; leur faisant croire que les savants, les sorciers et les sorcières appartenaient à la société secrète de Satan... Je suppose que même les savants étaient superstitieux et cruels en cet âge d’obscurité et de férocité. [9]

Plus tard, il se ferait ses propres convictions : En ce qui concerne la religion, je n’en ai aucune, bien que j’essaye d’apprendre et de mettre en pratique ce qui me semble vrai et bon en chacune d’elles. Pour cette raison je suis pour le maximum de liberté de conscience, et je ne fait aucune différence et donc je ne crains ni ne déteste aucun croyant sincère, qu’il soit chrétien, juif, musulman, bouddhiste, où n’importe quoi. Mes bases, mes mesures et relations d’homme à homme sont en tant qu’homme à homme, et rien d’autre. [10]

Mais c’est un athée mystique et il écrira en prison : Je sais seulement que je ne sais pas – que je ne puis croire aucune des nombreuses croyances religieuses que mon esprit a pu voir. Pourtant je suis un grand mystique et je puis me débrouiller sans aucune foi. Je puis rire de tout le mal, adorer tout le bien – accepter n’importe quelle destinée que l’impondérable m’imposera. Et pourtant user de toutes mes capacités et de ma volonté pour ce qui me semble juste. [11]

En 1907 il tombe malade. Ce rural étouffe dans l’atmosphère confinée des boutiques et des villes. Son père vient le voir, le ramène à la maison où il est soigné. Il s’occupe de la gestion du café, du jardin paternel. Le drame éclatera : sa mère va lentement mourir, d’un cancer probablement, et la douleur lui sera si insurmontable qu’il va comme jadis son père, s’expatrier aux États-Unis. Vanzetti est embauché en 1914 à la Plymouth Cordage Company. C’est la plus importante fabrique de cordes du monde ; elle est propriétaire de la ville et de ses environs, où travaillent les Italiens et les Portugais. Il charge des rouleaux de corde dans les wagons de marchandises.

Le 17 janvier éclate une grève, la première dans l’histoire de l’entreprise ; Vanzetti est un des organisateurs. Toujours au premier plan des piquets de, grève, il prend la parole en public. La fabrique fermera pendant un mois, en pleine saison. La compagnie s’écrase et concède une augmentation de salaire ; mais Vanzetti sera le seul employé à ne pas être repris. Il fera par la suite divers menus travaux.

En 1916, les anarchistes organisèrent des manifs en soutien de la grève de Mesabi Range dans le Minnesota. Les flics de Milford interdirent les rassemblements et bouclèrent les orateurs, au rang desquels se trouvait Sacco et ses camarades du Cercle social. Condamné pour trouble de l’ordre public il fut gracié en appel par le tribunal supérieur de Worcester.

Le 6 avril 1917, les États-Unis entraient dans la grande guerre qui ravageait l’Europe. Le 26 mai, le Congrès votait l’enregistrement obligatoire des jeunes en vue de la mobilisation. Le 29, le journal anarchiste italien, depuis longtemps surveillé par la police, fut envahi par les cognes. Son animateur, Galleani fut expulsé du pays, et la publication interdite.

Une trentaine d’insoumis, de toutes professions, prirent le train pour le Mexique pour se défiler du service militaire ; ils y fondèrent une communauté coopérative. Parmi eux se trouvait Sacco qui, dans le train, fit la connaissance de Vanzetti ; celui-ci venait de recevoir ses premiers documents officiels de citoyen américain.

Trois mois plus tard, Sacco découvrit qu’il n’encourait aucun risque aux États-Unis. Il revint sous un faux nom, qu’il conserva jusqu’à la fin de la guerre. Après avoir quelque peu cherché un job, il obtint un emploi définitif à Stoughton chez Michael F. Kelley, l’homme qui lui avait enseigné son métier et qui était propriétaire de la manufacture de chaussures « Trois K ». Ami de son patron, il logeait dans la maisonnette voisine, qui appartenait à celui-ci.

Levé tous les matins à 4 heures, il travaillait son jardin avant d’aller à l’usine à 7 heures. De retour à la maison, il y travaillait encore jusqu’à la tombée de la nuit, donnant son surplus aux pauvres. C’était un homme d’une carrure solide, qui abattait l’ouvrage de deux personnes. En prison, il réussirait à mener une grève de la faim de trente et un jours avant de s’effondrer et d’être mené à l’hôpital. Parfois, disait-on, il était veilleur de nuit. Pour cette raison, expliquait-il plus tard, il s’était acheté un Colt 32 automatique qu’il n’avait jamais déclaré. En fait, il ne surveillait pas l’usine : il entretenait le fourneau.

Après la guerre, Sacco et Vanzetti militèrent ensemble. Ce dernier naviguait d’un emploi à l’autre, jusqu’au moment où il se mit à gagner sa vie comme vendeur de poissons. Il ne se maria pas, regrettant d’ailleurs de n’avoir ni amour ni enfants [12].

Qu’il aimait les enfants ! Tendre avec eux, ses conceptions pédagogiques ne manquaient pas d’originalité :

Les enfants devraient être élevés dans les bois – on doit créer pour eux des informations jouées, qui seront substituées à l’enseignement actuel des informations – et toute la bonté de l’enfance et de l’adolescence étendue à tous les âges. Je crois que seulement de cette manière les hommes et les femmes peuvent atteindre un stoïcisme naturel et les vertus qui permettent de réaliser la liberté et la justice. Les bourgeois parlent beaucoup de morale et d’altruisme. De fait, je crois que la nature est morale ; que l’altruisme réel est la même chose que l’égoïsme réel et que l’instinct normal du pouvoir est ce dont nous avons besoin. [13]

Cette influence quelque peu rousseauiste se retrouvait dans sa conception morale. Il rejetait l’idéologie abstraite des droits de l’homme. La liberté c’était, pour chacun et pour toutes les choses de l’univers, de suivre ses tendances naturelles – à développer ses propres vertus, ses qualités et ses capacités [14] :

A mon avis, les afflictions humaines causées par des fautes humaines sont moins dues à une absence de sens moral qu’à une mauvaise application de celui-ci. Le sentiment de justice peut aussi devenir une source d’injustice quand il est faux. Et il est possible de pervertir intentionnellement ces facultés chez autrui, comme elles peuvent être perverties par la nature des environnements dans lesquels vivent les êtres humains. [15]

Mais que foutaient Sacco et Vanzetti à l’époque des crimes ? Le hold-up de Bridgewater [16], c’était la veille de Noël, jour de jeûne pour ces cathos d’Italiens. Aux dires de Vanzetti, seul inculpé dans cette affaire, il vendait des poissons avec le petit Brini, le fils de ses logeurs, qui se faisait ainsi de l’argent de poche. Vingt et une personnes témoignèrent qu’elles l’avaient vu. Mais elles avaient le tort d’être italiennes pour la plupart : elles apparurent comme des complices. D’ailleurs, qui peut se rappeler avec précision les détails d’un achat vieux de plusieurs mois ?

De nouveau, Vanzetti déclara qu’il vendait du poisson le jour de l’attentat de South Braintree. Cette fois, la plupart de témoins n’étaient ni Italiens ni anarchistes. Selon sa déclaration, quelques jours après, du 26 au 29 avril 1920, il s’était rendu à New York pour enquêter sur l’affaire Salsedo.

Le 2 mai, les anars se rencontraient à Boston ; Sacco était présent à la réunion. Vanzetti rapporta ce qu’il avait appris au sujet de Salsedo. Lorsqu’on apprit à Boston la mort de ce dernier, Sacco et Vanzetti se mirent à chercher une voiture pour se débarrasser de toute littérature anarchiste compromettante. C’était pour cette raison, selon eux, qu’ils s’étaient retrouvés le 5 avec Boda et Orciani.

En ce qui concerne la journée du 15 avril, Sacco disposait d’une ribambelle de témoins, y compris un prêtre catho qui dirigeait un service bancaire (!). Hélas ! ils étaient presque tous militants anarchistes ou socialistes, ce qui diminuait leur crédibilité. Décidément, Sacco fréquentait un entourage peu convenable. Pourtant il affirma aussi qu’il s’était présenté au consulat le 15 avril, jour du crime, pour obtenir un passeport pour son retour en Italie. Son témoignage fut confirmé par un employé du Consulat. Mais le gouvernement italien ne voulait-il pas protéger un de ses ressortissants et sauver l’honneur de sa communauté à l’étranger ? Et puis, la défense avait attendu des mois avant de chercher des témoins de son alibi, ce qui rendait leurs souvenirs tellement plus vagues.

Dès l’arrestation des deux hommes, les anarchistes avaient créé un comité de défense ; ils travaillaient dans un climat très difficile, les anarchistes étant sans cesse menacés d’extradition. Dans l’équipe travaillait Orciani, qui avait été relâché du fait de son alibi et jouait le rôle de chauffeur et de garçon de courses. Dieu comme il se repérait bien partout !

La première affaire, celle de Bridgewater, fut jugée au procès de Plymouth. Vanzetti fut le seul inculpé à être mené à l’abattoir.

Entouré d’un piètre avocat, d’un interprète encore plus dégueulasse ? d’un procureur qui jonglait avec tous les témoignages d’autant plus facilement que l’accusé avait du mal à saisir l’anglais, Vanzetti fut encore gâté avec un juge particulièrement bénin, qui laissait passer les viols, qui n’avait pas même emprisonné pour certains meurtres : il récolta de 12 à 15 berges de prison pour braquage où il n’y avait eu aucun mort. Ainsi noirci, il porterait préjudice à Sacco lorsqu’on le décrirait comme son complice.

Ce fut bien plus d’un an après que, du 31 mai au 14 juillet 1921, eut lieu enfin le fameux procès de Dedham pour le crime dé South Braintree. Neuf mois avant, ça sentait le poulet dans tout Boston. Le département de la justice avait même placé une Mata Hari style Armée du Salut pour cafarder le comité de défense et un mouchard avait partagé la cellule de Sacco, mais le gibier n’avait pas mordu à l’hameçon.

Les deux camarades plaidèrent non coupables.

L’air était de plomb. On avait changé d’avocat. Le nouveau blanchisseur, Fred Moore, était convaincu qu’on ne l’avait pas mis au parfum. D’ailleurs, il avait insisté pour que Boda et Orciani se fassent la malle avant d’être eux aussi embarqués, et il était persuadé que ceux-ci détenaient quelque secret.

En outre, ses relations avec Sacco viraient à l’aigre. Spécialisé dans la défense des causes ouvrières, il contribua largement à politiser l’affaire, ce qui assurément lui amena une audience mondiale mais devint une arme à double tranchant. Et puis, il réclamait sans cesse de l’oseille, ce qui n’est pas du goût des prolos.

Sacco et Vanzetti furent condamnés à mort par le juge Webster Thayer, qui avait déjà réglé son compte à Vanzetti au procès précédent et, ce qui ne se fait pas, avait demandé à présider celui-ci.

Les appels successifs des deux Italiens furent tous rejetés. Selon la législation du Massachusetts, c’était encore au juge Thayer de trancher de ces divers recours. A chaque fois, il laissa pendant des mois les accusés croupir dans leur geôle, suspendus dans l’attente de sa sentence et, chaque fois, il refusa de se déjuger.

Quelques années plus tard, une requête devant la Cour suprême fut rejetée. Des manifestations impressionnantes eurent lieu dans de multiples pays de quatre continents ; elles furent sans effet. Le gouverneur du Massachusetts refusa son pardon. Le 23 août 1927, après six années de prison, après des grèves de la faim qui leur avaient détruit la santé et conduit à des périodes de folie, après un report en dernière minute de l’exécution capitale, les deux hommes furent électrocutés par la justice du Massachusetts. L’un et l’autre n’avaient jamais cessé de crier leur innocence.

Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti ont atteint une stature hors du commun ; l’influence de leur procès est immense. Toute une génération d’écrivains américains, écœurée par une Amérique différente de celle à laquelle elle avait cru, s’est exilée des États-Unis. Des œuvres de fiction et des ouvrages scientifiques sont consacrés aux deux anars. Encore aujourd’hui, il ne se passe guère une année sans qu’apparaisse quelque étude sur le crime, sur le procès ou sur ses héros.

Mais voilà, l’affaire Sacco et Vanzetti est devenue le mythe de l’innocence persécutée. Les deux héros, idolâtrés par les uns, déboulonnés par les autres, en perdent leur dimension humaine. Du coup, les anarchistes qui ont exprimé leurs doutes devant le grand public se sont souvent fait tancer par ceux-là même qui, dans leur for intérieur ou dans les conversations privées, admettaient la culpabilité des deux Italiens.

Effectivement, dans le contexte de persécution de l’époque, où il fallait se serrer les coudes, toute critique pouvait apparaître comme une trahison. Aujourd’hui, dans une Europe où les idéologies font un bide, certains ont voulu contester le mythe tout en restant à l’intérieur du mouvement.

D’autant que ce mythe, le mouvement anarchiste lui-même l’a créé. Il s’est considéré comme étant en état de légitime défense devant les innombrables brutalités et tortures infligées par la police, et il a su organiser une défense efficace et mobiliser les masses, grâce à son implantation encore assez forte, à son alliance avec les libéraux pour réclamer la justice, grâce aussi à l’appoint quelque peu inquiétant des communistes.

Paradoxalement, sa campagne de défense récupéra le langage catho ; çà pédalait dans la guimauve. Après l’exécution, le journal anarchiste américain d’Alexandre Berkman présentera en couverture un dessin avec la légende : « De nouveau crucifié ».

A vrai dire, les deux victimes ne sont pas étrangères à ce courant. Sacco et Vanzetti, grands bouffeurs de curés, ont eux-mêmes utilisés fréquemment un vocabulaire religieux. Le premier parle de son « chemin de croix » et le second a profondément assimilé l’Évangile. Ses écrits sont plein de citations : Celui qui s’humilie sera exalté [17], Mon cœur est le tabernacle où vit ma mère [18], Malatesta est un saint [19].

Au-delà de la religion sociologique, Vanzetti s’est justement caractérisé comme étant un mystique. Il va même jusqu’à prophétiser, à la veille de sa mort :

Je sais que je n’ai pas souffert en vain. C’est pour cela que je porte ma Croix sans fléchir ! Bientôt les frères ne se battront plus avec leurs frères. Les enfants ne seront plus jetés dans les usines dépourvues du soleil et éloignés des champs verdoyants. Il n’est plus loin le jour où il y aura du pain pour chaque bouche, un toit pour chaque tête, du bonheur pour chaque cœur. [20]

Dessin de Grégory Lê

Tout laïque et sceptique qu’il soit, Vanzetti prend l’anarchisme pour une foi :

Nous aussi avons une foi, une dignité, une sincérité. Notre foi est maudite comme l’ont été à leur début toutes les anciennes. [21]

Oui, l’anarchisme est devenu une foi, même si c’est une foi pour libre-penseurs :

Nous avons volontairement renoncé à presque toutes les joies de la vie, même les plus innocentes, quand nous avions nos vingt ans. Dernièrement nous avons tout sacrifié à notre foi . [22]

Les saints finissent par mourir. Un des meilleurs amis et défenseurs de Sacco s’éprit de sa femme et convola avec elle en justes noces.

Aujourd’hui encore, la controverse fait rage. Nul ne croit plus à la culpabilité de Vanzetti. Beaucoup d’arguments utilisés au procès contre Sacco n’ont pas résisté à l’examen du temps.

Néanmoins, depuis quelques années, bien des esprits ont été troublés par les travaux d’un historien américain, Francis Russell, dont la thèse affirme l’innocence de Vanzetti mais la culpabilité de Sacco.

L’argumentation se fonde essentiellement sur l’examen des balles utilisées. Quatre bastos avaient été extraites par le chirurgien du cadavre du barbouze, deux autres du caissier moustachu. La balle qui avait été fatale pour le premier avait tranché l’artère aorte et avait fait du ping-pong sur la hanche, ce qui l’avait tordue.

Elle avait été tirée par un colt 32 automatique similaire à celui de Sacco ; le chirurgien l’avait marqué du signe III. Parmi les cartouches trouvées sur le terrain, il y avait celle d’une vieille marque Winchester. L’expertise moderne démontra que cette cartouche correspondait à la balle et que celle-ci avait incontestablement été tirée par le revolver de Sacco.

Dans certains groupes anars s’est entretenue la conviction que Sacco et Vanzetti étaient d’une manière ou d’une autre, liés à des partisans de la « reprise individuelle », qu’ils n’étaient pas aussi innocents qu’on le disait. Ces rumeurs correspondaient peut-être au désir secret de les doter d’une aura étrange : celle de bandits au grand cœur.

Mais enfin, pourquoi Sacco et Vanzetti se baladaient-ils avec des armes dans les poches ? Etait-ce la forfanterie d’Italiens machos en mal de démontrer leur virilité ? Se prenaient-ils pour les cow-boys de la classe ouvrière ? Peut être pensaient-ils vraiment pouvoir se battre avec ces armes contre des policiers ? Ou bien tout simplement avaient-ils eu ce jour-là l’intention de profiter de la voiture de Boda pour se débarrasser de tout ce matériel compromettant ? Encore resterait-il à savoir par quelle opération du Saint-Esprit, il était venu dans leurs mains innocentes.

Les accusations de Francis Russell ne sont sans doute pas non plus étrangères à ce revirement de l’opinion, qui désormais se sent moins assurée de l’innocence des deux Italiens.

Ce mystère empêchait de dormir certains membres de la « vieille garde » qui avaient été les témoins et parfois les participants de l’affaire. L’un de ceux-ci, le passager de notre navire, fut hanté cinquante ans durant par la mémoire de son dialogue avec son camarade. Sa confession, encore inédite, se lit comme une histoire de remords, d’un homme torturé par le doute après avoir, pendant des années, défendu la thèse de l’innocence pour sauver de la mort des camarades dont il ignorait s’ils étaient coupables ou non. Ses soupçons l’ont amené à des rapprochements qui sont loin d’être démontrés : parce qu’une bande commettait des exactions en Pennsylvanie, on ne peut déduire que les anarchistes du Massachusetts se comportaient de la même façon. Plus d’un comme lui a tourné autour des protagonistes. A propos de Mario Boda, un anarchiste écrivait à Mercier Vega :

Pour l’affaire Sacco et Vanzetti je puis te dire que même le dernier de ceux qui ont été retenus comme impliqués ou comme ayant véritablement commis l’affaire est mort. C’était mon ami, il m’appela avant de mourir mais il n’a jamais voulu me préciser et dire quelque chose de précis et qui valait la peine. [23]

Effectivement, quelques années plus tôt, il était encore plus clair :

Il y a environ deux mois Mario Boda est mort. Il m’appela dans ses derniers jours de vie mais n’a pas voulu me dire quoi que ce soit sur l’affaire. Il faut donc abandonner définitivement l’espérance de savoir quelque chose par l’un des acteurs du drame [24] .

Pourtant, les thèses de la culpabilité sont et restent discutables et discutées. Deux historiens américains, William Young et David E. Kaiser ont directement et indirectement attaqué l’examen balistique. Les divers experts appelés par Francis Russell ont commis des erreurs dans d’autres affaires, et certains avaient déjà des idées pré-conçues sur la question. Surtout, la fameuse balle numérotée III extraite du garde du corps et la cartouche Peters qui lui correspond sont bien issues du revolver de Sacco, mais selon ces auteurs la vraie balle a été remplacée par une autre et la cartouche a été ajoutée après coup.

Quelle que soit ton opinion, ô lecteur bien-aimé, dans cette affaire les suspects sont légion. Nous-même avions émis une autre hypothèse : si le revolver de Sacco a bien été l’arme du crime, est-ce lui qui s’en était servi ? Le passager que nous évoquions tout à l’heure voguait sur le bateau avec nul autre qu’un des acteurs du drame. Plus que beaucoup d’autres, il approcha de près la vérité. Mais ceci est une autre histoire. Pour l’instant, le dossier Sacco et Vanzetti reste ouvert. Le mystère du Massachusetts demeure.

Ronald Creagh

USA : L’émigration anarchiste italienne  



[1Sacco et Vanzetti, lettres 1921-1927, Paris Christian Bourgois, 1971 (coll. 10/18) p. 145

[2Id. à Mrs. Elsie Hillsmith, Ragged Hill Farms, South Danbury, N.H. 6 mai 1923, Prison de Charlestown.

[3Records of the Massachusetts State Police, Bureau d’archives de la Police d’État.

[4Hold-up pour lequel Sacco et Vanzetti furent exécutés.

[5Lettre à Mrs Virginia MacMechan, 6 sept. 1923. Et aussi : Si vous désirez trouver la tranquillité et restaurer votre énergie dans le repos, vous devriez vous allonger et laisser l’inconscient prévaloir sur le conscient. Puis vous rêveriez et rêveriez, – et vous vous amélioreriez pour le temps dépensé. Non seulement vous ne regretteriez pas le temps suspendu, mais vous penseriez qu’il ne pouvait pas être mieux investi. Lettre man. à Alice S. Blackwell, 04/08/1924, Harvard.

[6« Vanzetti, Une Vie de prolétaire », Saint-Denis : Les Cahiers du Vent du ch’min, 1985, p.11.

[7Sacco-Vanzetti National League, News Bulletin Jan. 1929.

[8Lettre du 25 mai 1927 à Sarah Root Adams, in Letters p. 275

[9Lettre manuscrite à Alice S. Blackwell, 28 mai 1925, Harvard

[10Lettre à Mrs. Sarah Root Adams, 25 mai 1927, Letters p. 275

[11Lettre à Mrs. Maude Pettyjohn, Letters 10 août 1923

[12Lettre à Mrs. Evans, Dec, 1924. Letters p. 135

[13Lettre man. à Alice S. Blackwell, 4 août 1924, Harvard

[14Lettre à Mrs. Evans, Dec 1924, Letters p. 145

[15Lettre man. à Mrs. Evans n.d. (1927) Harvard.

[16Localité où se déroula le premier hold-up.

[17Lettre à Mrs, C.C. Jack, 20/7/1924, in Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti The Letters of Sacco and Vanzetti (désormais Letters) ed. by Marion D. Frank-furter and Gartner Jackson. New York : Viking. 1928, p. 126

[18Lettre à Alice Stone Blackwell, 15/9/1924, Letters p. 128

[19Lettre à Alice Stone Blackwell, 13/11/1924, Letters p. 133

[20Lettre de Vanzetti à sa sœur et ses amis Le Libertaire 19/09/1981.

[21Lettre à Mrs. Maude Pettyjohn,10/4/1925, Letters p. 142

[22Lettre à Mrs. Sarah Pool Adams, 25/5/1927, Letters p 276. Quelques années plus tôt. Vanzetti avait défini ainsi sa « foi » : J’appartiens aux volontaristes – pour qui la foi signifie seulement un espoir fort et une volonté ferme.. J’ai foi et je suis optimiste – nous devons l’être. Lettre manuscrite à Alice Stone Blackwell 16/6/1925, Harvard

[23Lettre de Pio à Mercier Vega du 16 janvier 1969. Archives privées.

[24Lettre de Pio à Mercier Vega du 28 soit 1963. Archives privées.