Pendant ce temps, les exclus et les dissidents de la FCL ont reconstruit la Fédération Anarchiste en décembre 1953. Lecoin se sent beaucoup plus proche de ce courant synthésiste du mouvement libertaire et se félicite de la teneur des débats du premier congrès [1]. Et quand la nouvelle organisation ouvre une souscription pour le lancement du Monde Libertaire il appelle les lecteurs de sa revue à y participer [2]. Le premier numéro du Monde Libertaire paraît en octobre 1954 et malgré cet acte de solidarité, il faut attendre cinq ans pour y lire le nom de Lecoin. Pour les membres de la FA, comme pour ceux de la FCL, Lecoin est un vieil homme (il a 66 ans en 1954) qui a fait beaucoup pour le mouvement anarchiste mais qui a son avenir derrière lui. Le peu de succès de Défense de l’Homme confirme leur opinion.
D’une certaine manière Lecoin leur donne momentanément raison en abandonnant la responsabilité de sa revue à Louis Dorlet en juillet 1955. Fatigué, il préfère se retirer. Un drame met fin à sa retraite : Marie, sa femme, meurt subitement, le 29 décembre 1956 d’une angine de poitrine foudroyante. Cette disparition laisse Lecoin désemparé. Pour éviter de sombrer dans une solitude mélancolique, il décide de lancer une grande campagne en faveur de l’objection de conscience. Immédiatement il entre en contact avec le Monde Libertaire afin de savoir si une collaboration est possible. Il propose que le journal de la FA devienne hebdomadaire afin de mieux coller à l’actualité et qu’il soit le haut-parleur de la lutte pour les objecteurs [3]. La FA refuse mais offre à Lecoin de participer à la rédaction du Monde Libertaire. Lecoin ne veut pas se contenter d’un rôle de « figurant » et préfère créer son propre hebdomadaire Liberté, dont le premier numéro sort le 31 janvier 1958.