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La vie d’Anselmo Lorenzo en Bande dessinée [07]

lundi 10 avril 2023

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A Paris, Lorenzo entre en contact avec les figures les plus en vue de l’anarchisme et du mouvement libéral bourgeois. C’est alors la belle époque de « L’Intransigeant », que dirige Henry Rochefort, l’évadé de la Nouvelle Calédonie, l’aristocrate communard. Le procès de Montjuich va soulever une vague d’indignation dans le monde entier. Tarrida del Màrmol, qui réussit à s’échapper de Montjuich en trompant Portes, arrive à Londres, et avec Ramsay Mac Donald, à Trafalgar Square, il dénonce au monde les tortionnaires.
Lorenzo, à Paris, noue une amitié durable avec Malato, Charles Albert, Jean Grave, Sébastien Faure, Augustin Hamon, Jean Jaurès et le groupe des socialistes révolutionnaires de l’école de Jules Guesde. Le pseudonyme d’Abdon Terradas, né à Montjuich, sous le quel Lorenzo envoyait des articles à tous les journaux du monde, contant ce qui se passait dans la forteresse et faisant appel à la conscience humaine pour les victimes qui étaient enfermées, est désormais célèbre. Ce séjour à Paris, ce contact avec la fine fleur du mouvement intellectuel socialiste, libéral et libertaire, le consacre définitivement comme l’homme le plus représentatif du mouvement ouvrier espagnol.

Lorenzo revient en Espagne lorsque l’amnistie pour les condamnés du procès de Montjuich est accordée, après la longue campagne qui fut menée dans toute la Presse espagnole et internationale — cette campagne son ami Montseny, rentré en Espagne sous le nom d’emprunt de Federico Urales, l’avait commencée dans « El Pais ». Suivent trois années fécondes. C’est alors qu’il écrit « Le banquet de la vie », qui obtient un grand succès. « Voie Libre », « Le Peuple », « Vers l’émancipation », « Vie anarchiste », le roman « Justo Vives » et de nombreux articles de journaux, brochures, etc.. paraîtront au cours de ces trois années.
La pensée sociale et philosophique de Lorenzo peut se résumer ainsi : le premier en Espagne, il exalte la personnalité des masses ouvrières, leur reconnait intelligence et sens constructif et donne au « peuple travailleur », comme il disait, l’importance décisive, l’action déterminante, tout ce qu’on ne lui avait pas reconnu jusqu’alors. D’autre part, éducateur de multitudes, il combat le messianisme et stimule le sentiment de responsabilité consciente et active. Cette pensée de Lorenzo, qui s’inscrit comme idée maîtresse sur les carnets de la CNT, Si la société est mal faite, tu es là pour la corriger, résume sa foi et son idéal.

Dans la conférence « Aux classes populaires » qu’il donne le 3 juillet 1913 au Théâtre Espagne de Barcelone — conférence organisée par l’Ateneo syndicaliste — il résume avec force et clarté sa pensée : je voudrais vous faire comprendre et vous persuader de l’idée que nous ne sommes pas exempts de toute responsabilité dans le mal social qui pèse sur nous. Nous en sommes victimes, mais nous n’en serons pas moins coupables de sa continuité, si nous n’employons pas à le supprimer la volonté et l’action qui reviennent à chacun de nous.
Et il termine ainsi : Quand, après la réciprocité des devoirs et des droits, on a dit au monde : l’émancipation des travailleurs doit être l’œuvre des travailleurs eux-mêmes, on voulait dire par là que toi, paysan, mineur, tisserand, menuisier, journalier , misérable unemployed ou paria abject, tu dois, toi-même, associé à tes camarades de travail et de malheur, te sauver, libérant ainsi de cette usurpation qu’est la propriété, la terre et les moyens de production....

 

Cette BD est issue de Espoir, le journal de la CNT-AIT de Toulouse de 1962. Elle a fait l’objet d’une réédition en brochure publiée en 2006 par perspective libertaire CNT-AIT, et une nouvelle édition enrichie est prévue prochainement.