Ce condominium germano-italien, dirigé par le « Poglavnik » (Führer) oustacha Ante Pavelic [1], annexait proprement la Bosnie-Herzégovine et ses population orthodoxes (serbes) ou musulmanes. Cependant,
le régime oustacha entendait mettre fin à cette diversité nationale de la population, parlant une même langue, en proclamant que les musulmans étaient de purs Croates passés du catholicisme à l’islam au moment de la conquête ottomane, et en prenant toute une série de mesures pour contraindre les Serbes soit à se convertir au catholicisme, soit à émigrer, soit à périr par le fer et le feu
[2]. Des expéditions punitives d’une violence inouïe, parfois menées par des prêtres franciscains, fondaient alors sur les villages serbes qu’elles rayaient de la carte. Dans toute la Bosnie, on convertit de force, sous peine de mort. Partout les oustachas ouvrent des camps de concentration ou expulsent les plus chanceux vers la Serbie voisine. Trop souvent, des musulmans bosniaques, eux-mêmes minoritaires au sein du nouvel État, participeront à la curée.
Purification ethnique
Ultra-réactionnaire, le régime de Pavelic se mue rapidement en une effroyable dictature. Les révolutionnaires et les démocrates croates, pourchassés, prennent le maquis. Les communautés juives et tziganes, trop faibles numériquement pour opposer une véritable résistance aux milices oustachas, sont promptement liquidées. Jour après jour, la Bosnie s’enfonce dans un chaos total tandis que des centaines de milliers de Serbes sont exécutés. Fait significatif, les militaires italiens, inquiets pour la sécurité de leurs troupes d’occupation, s’interposent parfois afin de faire cesser ces massacres d’un autre âge.
Pour éviter une mort certaine, la communauté serbe de Bosnie gagne les montagne où, sous la férule rigide des cellules communistes et des commissaires politiques, elle deviendra un des plus fidèles soutien à la future fédération yougoslave de Tito [3].
Bibliographie Sommaire
Dans le maquis des ouvrages consacrés au problème bosniaque, on retiendra particulièrement les études de K. Meneghello-Dincic, toutes parues dans la Revue d’histoire de la deuxième Guerre mondiale au cours des années soixante. Exploitant avec un bonheur inégal les renseignement fournis par l’État yougoslave d’alors, l’auteur nous brosse toutefois un tableau saisissant et clair de l’imbroglio balkanique issu de la « paix d’Hitler » (in La guerre de libération nationale en Croatie et L’État oustacha de Croatie (1941-1945)). Une seule ombre au tableau, mais de taille : pourquoi tant de complaisance envers la personne de Tito ? |