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Tierra y libertad ! (1915)

jeudi 3 octobre 2019, par Partage Noir (CC by-nc-sa)

1915

  • Le 6 janvier, Carranza publie un décret de restitution des « ejidos » (terres travaillées en commun autour des villages) aux paysans.
  • Le 17 février, au nom de Carranza, le général Alvaro Obregon signe avec la Casa del Obrero Mundial un pacte dans lequel la Casa s’engage à organiser des « Bataillons rouges » pour combattre contre Zapata et Villa. En retour, la Casa est autorisée à organiser des sections dans les zones « libérées ».
    Manifeste :

    Camarades, vous savez tous quel a été le programme de lutte de la Casa del Obrero Mundial jusqu’au 10 de ce mois, quand, réunis 66 de ses membres et après une discussion longue et réfléchie, il fut décidé de suspendre l’organisation professionnelle syndicaliste et d’entamer une nouvelle phase d’activité ; cela à cause de l’urgente nécessité d’accélérer et d’intensifier la révolution nui est ce qu’il y a de plus proche des idéaux et aspirations partagés de tous : l’amélioration des conditions économiques et sociales qui a servi d’orientation pour les organisations de résistance à l’oppression capitaliste... nous avons toujours condamné la participation des ouvriers aux mouvements armés, à cause de l’expérience trop longue de trop nombreux échecs, de « caudillos » qui, abusant de la crédulité populaire, ont su s’entourer de partisans prêts à faire le sacrifice de leur vie à une cause apparemment profitable ; nous avons toujours soutenu que seul l’effort collectif des travailleurs, au sein des syndicats professionnels, pourra nous rapprocher lentement mais sûrement du but poursuivi..., mais aujourd’hui, face à la menace d’anéantissement terrible, par la guerre et la faim, qui pèse sur la plèbe exploitée des champs, des usines et des ateliers, il est nécessaire de faire résolument face et une fois pour toutes, contre l’unique ennemi commun : la bourgeoisie et ses alliés immédiats, le militarisme professionnel et le clergé... Assez de doctrines qui ne font qu’aider la réaction dans sa résistance au progrès que nous devons être les premiers à fomenter et soutenir. Nous avons enfin l’occasion de jeter le gant à nos infâmes bourreaux, collaborant de la voix et du geste avec la Révolution, qui n’a pas transigé et a su les punir, prenant ainsi à son compte les droits offensés de la multitude éternellement opprimée... Le Casa del Obrero Mundial n’appelle pas les travailleurs à former des groupes d’inconscients pour les militariser et les conduire, aveugles, au combat pour le bénéfice de quelques audacieux qui les poussent à l’abattoir pour satisfaire leurs ambitions sans bornes ; elle ne veut pas d’inconditionnels abjects qui suivent le chef qui les fanatise... Elle réclame la coopération de tous ses frères pour sauver les intérêts de la communauté ouvrière.


    Suivent les huit articles du pacte :

    Article premier. - Le gouvernement constitutionnel réaffirme sa résolution, fondée sur le décret du 4 décembre 1914, d’améliorer, par les lois appropriées, le sort des travailleurs, promulguant au cours de la lutte toutes les lois qui seront nécessaires.
    Articles 2. - Les ouvriers de la Casa del Obrero Mundial, en vue de hâter le triomphe de la révolution constitutionnalistes et d’intensifier les idéaux touchant aux réformes sociales... affirment la résolution prise de collaborer de manière pratique et effective au triomphe de la révolution, en prenant les armes, soit pour servir de garnisons dans les centres aux mains du gouvernement constitutionnel, soit pour combattre la réaction.
    Article 3. - Pour l’exécution des causes prévues par les deux premiers articles, le gouvernement constitutionnel prendra en considération les réclamations justes des travailleurs, avec la sollicitude dont il a toujours fait preuve...
    Article 4. - Pour l’exécution des clauses par le commandement militaire de la place pour assurer la protection de la place et le maintien de l’ordre. Au cas où il faudrait évacuer la place, le gouvernement constitutionnaliste doit prévenir les ouvriers et leur fournir les moyens de se replier et les moyens de subsistance.
    Article 4. - Dans les villes occupées par l’armée constitutionnaliste, et quand cela répondra aux nécessités de la campagne militaire, les travailleurs seront organisés par le commandement militaire de la place et le maintien de l’ordre. Au cas où il faudrait évacuer la place, le gouvernement constitutionnaliste... doit prévenir les ouvriers et leur fournir les moyens de se replier et les moyens de subsistance.
    Article 5. - Les ouvriers de la Casa del Obrero Mundial doivent établir des listes, dans chaque ville où ils sont organisés, de tous les compagnons qui s’engagent solennellement à appliquer l’article 2. Ces listes devront êtres envoyées le plus vite possible au Premier Chef de l’armée Constitutionnaliste pour qu’il sache combien d’ouvriers sont prêts à prendre les armes.
    Article 6. - Les ouvriers de la Casa del Obrero Mundial feront de la propagande active pour gagner la sympathie de tous les ouvriers de la République à la cause du gouvernement en montrant les avantages du rejoindre la révolution, car cela permet d’obtenir les améliorations qu’ils poursuivent dans leurs organisations, Article 7. - Les ouvriers établiront des centres et des comités révolutionnaires partout où ils le jugeront bon. Les comités, en plus de la propagande, surveilleront l’organisation de groupes syndicaux et leur collaboration à la cause constitutionnaliste.
    Article 8. - Les ouvriers qui prendront les armes... seront tous appelés rouges.

  • Le 14 juin, Anselmo L. Figueroa meurt à Palomas (Arizona) des suites de son récent emprisonnement. La veille de sa mort il distribuait de la propagande du PLM dans les rues. Ricardo, Enrique, Librado, leurs familles et d’autres camarades travaillant à Regeneración louent une petite ferme à Edenciale, dans la banlieue rurale de Los Angeles où ils vivent et travaillent en communauté la terre.
  • Le 29 octobre, Regeneración reprend sa parution. Il est imprimé sur une vieille presse à main, et les locaux rédactionnels se trouvent dans une grange de la ferme d’Edenciale.
  • Le 30 novembre, pour éviter une grève des cheminots causée par leur paiement en papier monnaie se dépréciant rapidement, Carranza les incorpore dans l’armée constitutionnelle.
  • Le 15 décembre, la pièce de théâtre « Tierra y Libertad » que Ricardo vient d’écrire est jouée pour la première fois à Los Angeles.