Considéré un peu vite comme un des précurseurs de l’anarchisme, un anarchiste pastoral
(Nettlau), Maréchal fut néanmoins un des penseurs les plus radicaux de la révolution, anticipant certaines des idées libertaires.
Républicain avant 1788, il collabore en 1790 au journal Les révolutions de Paris où il fustige la famille royale et écrit un article intitulé « Des pauvres et des riches » (1791). Athée déclaré et militant, il mène une lutte inlassable contre l’église.
Maréchal est aussi l’auteur de pièces de théâtre, la plus célèbre. Le jugement dernier des rois remporte un succès fulgurant un octobre 1793. Mais Sylvain Maréchal courbe le dos sous Robespierre, allant jusqu’à cautionner le culte de l’Etre suprême. De même il se rallie à ses adversaires le 9 thermidor par opportunisme. Il entre vers 1795 dans la Conjuration de Babeuf (voir ce nom). C’est Maréchal qui rédige le manifeste, y proclamant la lutte des classes et la nécessité d’un véritable communisme. Babeuf et beaucoup de conjurés n’approuvent pas certains passages, notamment Disparaissez révoltantes distinctions... de gouvernants et de gouvernés.
Totalement incompris, ce manifeste était en avance sur la conjuration elle-même qui ne rallia que d’anciens militants de 1793.
Sylvain Maréchal échappe à la répression. On le retrouve vers 1800 écrivain anti-bonapartiste mais aussi anti-féministe (Projet d’une loi portant défense d’apprendre à lire aux femmes de 1801 !). Il meurt en 1903.
Source : Dommanget (Sylvain Maréchal, Paris, 1950, une somme !) ; D. Hamiche (Le théâtre et la Révolution, Paris, 1973, contient la pièce Le jugement dernier des rois) et S. Maréchal (Culte et Loi d’une société d’hommes sans Dieu, Paris, 1975, réédition). |