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Stratégie de l’athéisme : I - La crise religieuse

mercredi 10 avril 2019, par Partage Noir (CC by-nc-sa)

A y regarder de près, la situation du monde religieux n’est pas bonne. Certes l’Islam semble une force montante dans le monde, mais sa progression vient d’un dynamisme démographique et non théologique. Les débats internes de l’Islam se limitent à une lutte d’influence entre « orthodoxes » et « intégristes ». Les arguments volent toujours très bas. Le rôle inférieur attribué à la femme par certains intégristes n’est même pas un précepte de cette religion ! Les intégristes progressent par les malaises des sociétés du tiers-monde. Ainsi en Algérie, leur succès est dû au chômage des jeunes et à la crise économique. Il serait absurde d’imaginer les dirigeants des pays arabes comme « occidentalisés » et en conflit avec les intégristes pour cette raison. Certes, dans quelques pays musulmans, il existe une certaine tolérance dans la vie quotidienne, mais on a l’impression que les sociétés d’Islam n’ont fait qu’insérer dans des États modernes des conflits qui sont, eux, archaïques. Dans la vieille tradition, des despotes défendent leurs clans parfois ultra-minoritaires (comme en Syrie) et les intégristes répondent aux exactions du pouvoir par des arguments puisés eux aussi dans la tradition. Cet immobilisme laisse présager une fracture comparable à ce que fut la rupture du profane et du sacré en Occident. Mais dans combien de temps ?

La situation du catholicisme paraît, elle, bien plus catastrophique. En France, la perte d’influence se mesure par la baisse de la pratique religieuse. En 1984, il y avait encore 26 % de catholiques déclarés (dont plus de la moitié occasionnels). Depuis, ce chiffre n’a cessé de baisser. Même dans d’anciens « fiefs » ruraux, la fréquentation des messes descend en-dessous de 10 %. Des rites d’endoctrinement, comme la communion ou la confirmation, sont en perte de vitesse. Dans les années 1980, il y a eu près de 50 % de communiants en moins selon un cardinal ! Le recrutement des prêtres a chuté lui-aussi : moins de cent ordonnés par an contre un millier au siècle dernier. Dans d’autres pays, comme la Hollande, prêtres catholiques et pasteurs protestants en sont arrivés à officier dans le même édifice pour faire des économies !

Pourtant, si l’on examine de plus près les statistiques, la situation est un peu moins grave. Le nombre de prêtres n’a pas diminué au point de toucher l’Eglise dans ses forces vives. Elle n’est pas encore déstabilisée par la diminution des effectifs. En parallèle, le nombre de moines et de religieuses augmente. Et surtout, l’appartenance à la religion semble distincte de la pratique religieuse. Cela pousse certains sociologues à se demander si les indices retenus pour définir l’identité religieuse sont toujours d’actualité. Les baptêmes restent un phénomène majeur en France : environ les 3/4 des Français. A l’approche de la mort, les sacrements religieux concernent une majorité écrasante des Français. A ces deux moments essentiels, la société reste marquée par la Constitution religieuse, même si le conformisme peut jouer. Cela signifie qu’il n’y a pas de montée de l’athéisme, mais un changement du mode de vie.