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[BD] Ossip Mandelstam - L’épigramme contre Staline [02]

jeudi 12 décembre 2024, par St-Arc (CC by-nc-sa)

Dès 1934, Ossip Mandelstam confiera à sa femme : Je suis prêt à mourir.
Son épouse Nadejda Mandelstam éclairera ainsi la décision de son mari.
En choisissant la forme de sa mort, Ossip misait sur une caractéristique de nos dirigeants, leur respect sans bornes, presque superstitieux pour la poésie.
Cette observation fait écho aux propres mots de Mandelstam.
La poésie est un pouvoir, car pour elle on vous tue.
Dans un régime politique où la moindre critique pouvait lui être fatale, Mandelstam choisit d’utiliser son art comme arme contre l’oppression.

L’anecdote de sa rencontre avec Boris Pasternak, auteur du futur Docteur Jivago, illustre le climat de peur qui régnait alors. Lorsque Mandelstam récitera son poème à Pasternak, celui-ci effrayé lui répondit :
Je n’ai rien entendu et vous n’avez rien récité. Vous savez, il se passe en ce moment des choses étranges, terribles, les gens disparaissent ; je crains que les murs aient des oreilles, il se pourrait que les pavés aussi puissent entendre et parler. Restons-en là : je n’ai rien entendu.
Quand Pasternak l’interrogera sur ses motivations, l’inébranlable Mandelstam répondra avec conviction qu’il ne déteste rien autant que le fascisme, sous toutes ses formes.

Ses doigts sont gras comme des vers,
Des mots de plomb tombent de ses lèvres.
Ses moustaches narguent comme des cafards,
Et la peau de ses bottes luit.


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