Accueil > Partages > František Kupka

František Kupka

mercredi 3 mai 2023, par Christophe Longbois-Canil (CC by-nc-sa)

descriptif

Enfant de Bohême, František Kupka (1871-1957) l’est littéralement et dans tous les sens. Précurseur de l’art abstrait, au même titre que Kandinsky, il commença sa carrière artistique dans une veine symboliste et sécessionniste avant de se lancer définitivement vers un au-delà de la figuration et de sa sacro-sainte mimésis. Ses convictions politiques et son cosmopolitisme, ses lectures philosophiques et occultistes influencèrent un travail artistique qui s’articula constamment entre le visible et l’invisible.

Loin de se limiter à une vision évanescente et éthérée du monde, Kupka s’ancra profondément dans le réel de son temps. Son engagement social, politique et esthétique forma un tout indissociable dont son activité d’illustrateur n’eut de cesse de témoigner. À Paris et à Prague, Kupka était en relation avec les milieux anarchistes et libertaires et il participa à de nombreuses publications engagées, à l’exemple de L’Assiette au beurre et Les Temps nouveaux, de Volná myšlenka, de Nový kult ou d’Anarchistická revue.

L’artiste donna de nombreux dessins à L’Assiette au beurre et réalisa également la composition intégrale de trois numéros spéciaux : « L’Argent » publié en 1902, « Religions » et « La Paix » en 1904. Œuvres graphiques saisissantes d’une critique, à la fois acerbe, allégorique et conceptuelle, d’une société où le capital, le clergé et l’armée aliènent et oppressent les individus. En juin 1905, il commence une collaboration avec Les Temps nouveaux qui se poursuivra jusqu’au dernier numéro du 8 août 1914 avec la souscription à la tombola pour renflouer les caisses du journal. Dans le même temps, à partir de 1905, Kupka illustra L’Homme et la Terre d’Elisée Reclus dont la publication en six volumes s’échelonnera jusqu’en 1908. Œuvre d’une rare élégance alliant les qualités graphiques et conceptuelles de l’artiste aux idées humanistes et avant-gardistes du scientifique. Puis Kupka prit ses distances avec la presse militante pour s’isoler dans sa propre création.