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Stratégie de l’athéisme : II - Une nouvelle société

mercredi 10 avril 2019, par Partage Noir (CC by-nc-sa)

L’Eglise ne remporte pas de succès par manque d’adaptation aux exigences de la population. Maintenue dans une orthodoxie stricte par Jean-Paul II, l’Eglise s’oppose à l’évolution des mœurs. En Irlande, où la Constitution est d’inspiration catholique, l’Eglise fait échouer les référendums en faveur du divorce (sans parler de la contraception et de l’avortement). Dans des pays plus évolués, elle tente de faire pression sur l’opinion publique. Or, celle-ci n’admet plus d’être agressée dans son confort. Il est certain que les Français, dont pas mal de catholiques, ont été davantage choqués par la condamnation de la pilule abortive et de la contraception que par l’incendie de cinémas. Pessimisme ? La « société de services » transforme une bonne partie de la population en consommateurs passifs, même dans des domaines comme la politique ou le syndicalisme. L’engagement et le militantisme régressent. Si l’Eglise s’adaptait à l’évolution des mœurs et au confort du couple, elle retrouverait son audience, indépendamment des atteintes à la liberté d’expression. Cet immobilisme est justement une chance et permet de combattre l’offensive cléricale.

Il peut paraître étrange que les milieux dirigeants, surtout de gauche, fassent actuellement des risettes à l’Eglise et parlent de « laïcité ouverte », c’est-à-dire la remise en cause de la séparation de l’Eglise et de l’État. Quant on connaît les rapports tendus qu’a entretenus la bourgeoisie française avec le clergé, cette évolution a de quoi surprendre. Les mythes nationalistes ne sont plus d’actualité, de même que la laïcité façon Jules Ferry. La France est un des seuls pays d’Europe à ne pas salarier de culte. Nous n’avons pas non plus de loi de blasphème comme certains pays (RFA, Espagne). Nos politiciens ne vont pas engager une bataille sur ce thème alors que l’objectif prioritaire est l’Europe des polices et des patrons ! En fait, la construction de l’Europe justifie la liquidation de l’État-nation. L’évolution économique justifie aussi le retour du cléricalisme dans la vie quotidienne. La mondialisation de l’économie accentue l’incompréhension ; on ne produit plus que pour échanger des biens sans se préoccuper de l’utilité de ceux-ci. La crise économique est un « mystère » ou une « fatalité ». L’absence de sens à leur activité pousse nombre de super-cadres à ce qu’on appelle le « retour du symbolique » : mysticisme, irrationnel (voyance, magie…). Dans des entreprises, on recrute parfois des employés d’après leurs signes astrologiques ! Tel patron, filmé par la télévision, fait exorciser ses locaux avant de s’y installer et ainsi de suite… Aujourd’hui la religion doit épauler l’État pour satisfaire les besoins obscurantistes des technocrates.

Les affaires Rushdie et Scorsese ont provoqué quelques réactions. On a pu entendre dans les médias quelques personnes défendre la liberté d’expression. C’était normal et urgent. Pourtant, il na pas fallu plus pour faire dire à un cardinal qu’il y avait un sursaut de l’athéisme. L’Eglise ne fait qu’appliquer une vieille stratégie de désinformation. Dans le lobby du nucléaire, on enseigne que lorsqu’une rumeur monte contre vous, il faut la contrer en lançant immédiatement une autre rumeur. L’Eglise se faisait taxer d’intolérance, elle se pose en victime d’un anticléricalisme renaissant. Cette astuce ne doit pas faire oublier l’attitude purement défensive de ses détracteurs.